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Deux pays africains ont soutenu la proposition de déclarer 2025 Année des sciences et technologies quantiques. Pourquoi cette année est-elle si importante ?
AF : On peut établir un lien avec certains articles fondamentaux qui ont développé les théories de la mécanique quantique il y a plus de 100 ans, de sorte que le domaine est bien établi. Étant donnée la croissance de la science quantique, nous étions d’avis qu’il est important de commémorer cette année afin d’améliorer la sensibilisation et d’expliquer à tous, comment les technologies quantiques peuvent résoudre des problèmes réels auxquels l’humanité est confrontée.
Le Ghana était le sponsor officiel, et l’Afrique du Sud l’un des co-sponsors. Notre ambassadeur auprès des Nations unies a prononcé un discours soulignant le caractère mondial de l’Année internationale des sciences et technologies quantiques.
Commençons par les bases. Pourquoi l’expansion des disciplines quantiques ?
Au cours des deux ou trois dernières décennies, nous avons réussi à exploiter un caractère particulièr de cette théorie : l’intrication. Il s’agit de la partie étrange et obscure de la mécanique quantique. Einstein l’a appelée une action étrange à distance, mais elle se réfère essentiellement à la relation entre deux particules intriquées, où les aspects d’une particule dépendent des aspects de l’autre particule. La théorie veut que, si l’on sait quelque chose sur une particule, on sait aussi quelque chose sur l’autre particule, même si des millions d’années-lumière les séparent.
Cela signifie-t-il qu’il existe des applications pratiques ?
Absolument. Parce que nous pouvons contrôler ces effets quantiques, nous pouvons les exploiter en laboratoire. La mécanique quantique n’est pas seulement un succès en tant que théorie, elle a également donné lieu à une révolution dans les technologies, notamment les transistors qui sont les éléments constitutifs des puces électroniques. Sans elle, l’industrie de la microélectronique n’existerait pas. C’est ce que nous appelons la première révolution quantique.
La deuxième révolution quantique exploite l’intrication pour sécuriser les communications, accélérer les calculs et améliorer la détection et l’imagerie.
La mécanique quantique et son potentiel sont-ils les mêmes dans toute l’Afrique, ou l’Afrique du Sud a-t-elle une longueur d’avance sur l’Afrique ?
Malheureusement, oui, c’est le cas pour l’Afrique du Sud. Mais je pense que c’est vrai pour toutes les sciences naturelles et l’ingénierie, en partie à cause de notre histoire et de notre infrastructure de recherche bien établie. L’existence d’un ministère des sciences et d’une Fondation nationale pour la recherche (NRF) permet aux chercheurs d’être plus actifs en répondant aux appels de fonds sur le site.
Beaucoup de mes pairs dans d’autres pays africains n’ont pas l’équivalent d’une
NRF. Mais nous n’avons pas la masse critique. L’ensemble de la communauté quantique en Afrique du Sud compte peut-être 30 ou 40 chercheurs de haut niveau, sans compter les étudiants. Nous devons construire des centres solides qui ne s’effondreront pas avec le départ d’une personne clé.
Qu’est-ce que l’initiative sud-africaine pour les technologies quantiques ?
Il s’agit d’une initiative destinée à connecter la communauté et à faire progresser les sciences quantiques. L’intervention principale n’est pas l’argent, aussi important soit-
il. C’est une stratégie. Il s’agit de tirer parti des compétences. C’est la construction d’une communauté.